Du MM T 2783

Du MM T 2783, p. 46 et 51. Carnet de croquis. 1903–1904.

p. 46


Le baiser

Il pleuvait une pluie chaude. Je l’ai prise par la taille. Elle me suit lentement – deux grands yeux en face des miens – une joue humide contre la mienne – mes lèvres mêlées aux siennes.


Les arbres et l’air et la terre entière disparurent et j’eu la vision d’un monde nouveau dont j’avais totalement ignoré l’existence.

Etres humains vous êtes grands car vous contenez en vous le monde entier – et vous êtes vraiment petits comme une petite bactérie travaillant à la surface de la terre.


Les pleurs de la femme et des enfants sont comme venant d’un ennemi retord dont la tactique est de se retirer pour tout à coup attaquer et marquer une nouvelle position.


La terre produit une substance visqueuse qui produit les plantes, les animaux, les humains.


La terre aima l’air – qui embrasa la terre et la terre devint air et l’air devint terre – les arbres tendirent leurs branches vers le ciel et aspirèrent l’azote de l’air et les arbres se détachèrent de la terre et se mirent à bouger. L’être humain apparut. Tout est vie et mouvement – même dans les pierres de la terre existe une étincelle de vie – les cristaux –